La rentrée est souvent synonyme de renouveau : retour au travail, reprise de l’école, nouvelles résolutions… Mais pour beaucoup, cette période s’accompagne d’un stress important voire d’une anxiété persistante. Et pour cause, près de 40 % des Français déclarent ressentir une anxiété particulière à la rentrée de septembre, notamment liée au travail et à l’organisation familiale.
Pourquoi cette période est-elle si difficile à vivre pour certains ? Comment reconnaître une anxiété réactionnelle habituelle, d’une anxiété excessive ? Et surtout, quelles stratégies adopter pour mieux vivre cette transition annuelle ? Nos médecins généralistes vous accompagnent pour une rentrée apaisée.
Qu’est-ce que l’anxiété ?
L’anxiété est une réponse naturelle de l’organisme face à une situation perçue comme stressante, incertaine ou menaçante. Elle se traduit par une activation du système nerveux qui prépare le corps à réagir : accélération du rythme cardiaque et respiratoire, tension musculaire. Dans ce sens, elle peut être utile, car elle aide à anticiper et à s’adapter en maintenant un état de vigilance accru.
Cependant, lorsque cette réaction est trop intense, trop fréquente ou disproportionnée, elle devient source de souffrance et peut perturber la vie quotidienne. On parle alors de trouble anxieux. L’Organisation mondiale de la santé estime que près de 300 millions de personnes dans le monde souffrent d’anxiété influant sur leur état de santé à un moment de leur vie.
L’anxiété peut donc être vue comme un continuum : normale, bénéfique et transitoire lorsqu’elle accompagne un événement important (examen, entretien, rentrée…), elle devient pathologique si elle persiste ou s’intensifie
Pourquoi l’anxiété augmente-t-elle à la rentrée ?
La rentrée marque la fin d’une parenthèse de vacances, souvent vécue comme une période de repos, et la reprise des responsabilités ou des contraintes scolaires ou professionnelles. Plusieurs facteurs expliquent cette hausse de l’anxiété :
Retour au rythme contraint
Après plusieurs semaines de rythme plus souple, il faut réapprendre à gérer les horaires fixes, la charge mentale et la fatigue accumulée. Ce contraste brutal peut créer une tension émotionnelle.
Pression professionnelle
Selon le baromètre 2023 du stress au travail, 52 % des actifs français ressentent une anxiété liée à la reprise de leur activité après les congés. Les objectifs à atteindre, la surcharge de mails accumulés et parfois la peur du jugement renforcent ce stress.
Organisation familiale
Pour les parents, la rentrée scolaire représente un pic de charge mentale : inscriptions, fournitures, activités extrascolaires, adaptation des enfants… Ce cumul est un facteur déclencheur d’anxiété.
Sentiment d’incertitude
Nouvelle équipe, mutation, entrée dans un nouvel établissement scolaire ou universitaire : autant de changements qui déstabilisent. L’incertitude est un facteur reconnu de stress et d’anxiété.
Quelle est l’ampleur du phénomène ?
- Près de 1 Français sur 2 déclare ressentir un “coup de blues” de rentrée, selon un sondage Odoxa (2022) ;
- L’Organisation mondiale de la santé estime que 15 % de la population mondiale souffre d’un trouble anxieux à un moment de sa vie. La rentrée peut agir comme un déclencheur ou un révélateur ;
- Chez les étudiants, près de 30 % déclarent un stress important au moment de la reprise universitaire, parfois associé à des troubles du sommeil.
Ces chiffres montrent que l’anxiété de rentrée est un phénomène collectif, et non une faiblesse individuelle.
Comment reconnaître l’anxiété de rentrée ?
L’anxiété de rentrée peut prendre différentes formes, allant du simple stress transitoire à une anxiété plus marquée qui perturbe la vie quotidienne. La reconnaître permet d’agir rapidement et d’éviter qu’elle ne s’installe.
Les signes physiques
Le corps est souvent le premier à manifester le stress de rentrée. On peut observer :
- des palpitations ou une accélération du rythme cardiaque ;
- des maux de tête ou de ventre récurrents ;
- une tension musculaire (nuque, épaules, dos) ;
- des troubles du sommeil (difficultés d’endormissement, réveils nocturnes, cauchemars).
Selon une enquête de Santé Publique France, près de 25 % des adultes déclarent souffrir de troubles du sommeil en période de reprise professionnelle, un signe fréquent d’anxiété.
Les signes émotionnels
L’anxiété de rentrée s’exprime aussi sur le plan psychologique :
- irritabilité ou nervosité inhabituelle ;
- difficultés à se concentrer ;
- sentiment d’être dépassé par les tâches à accomplir ;
- inquiétude excessive face à des situations banales (réunion, nouveau projet, rentrée scolaire des enfants).
Les signes comportementaux
Certaines attitudes trahissent une anxiété persistante :
- évitement de certaines situations (reporter un rendez-vous, s’absenter, procrastiner) ;
- perte d’appétit ou au contraire grignotage compulsif ;
- repli sur soi, baisse des interactions sociales ;
- baisse de performance au travail ou aux études.
Quand s'inquiéter ?
Une certaine appréhension à la rentrée est normale. Mais elle devient problématique si :
- elle dure plus de deux semaines sans amélioration ;
- elle entraîne des troubles du sommeil sévères ou une grande fatigue ;
- elle empêche de travailler, d’étudier ou d’avoir une vie sociale normale ;
- elle provoque des symptômes physiques intenses (crises de panique, essoufflement, vertiges).
Dans ces cas, il est recommandé de consulter votre médecin traitant ou un psychologue afin d’évaluer la situation et de mettre en place une prise en charge adaptée.
Les causes psychologiques sous-jacentes
L’anxiété de rentrée ne se résume pas à un simple stress organisationnel. Elle peut aussi être liée à :
- La peur de l’échec : pression scolaire ou professionnelle ;
- Le perfectionnisme : peur de ne pas être à la hauteur ;
- Les antécédents anxieux : chez les personnes déjà fragiles psychologiquement ;
- Les expériences négatives passées : mauvaise rentrée précédente, harcèlement scolaire, burn-out.
Ces facteurs peuvent renforcer la vulnérabilité face au retour des responsabilités.
Comment gérer l’anxiété de rentrée ?
La bonne nouvelle, c’est que l’anxiété de rentrée n’est pas une fatalité. En agissant sur son organisation, son hygiène de vie et sa gestion émotionnelle, il est possible de retrouver un équilibre et de mieux vivre cette transition.
1. Reprendre progressivement un rythme régulier
L’un des principaux déclencheurs est le décalage entre le rythme des vacances et celui du quotidien. Recaler son horloge interne est donc essentiel :
- Avancer l’heure du coucher et du lever quelques jours avant la reprise ;
- Prévoir des repas à heures fixes pour stabiliser le métabolisme ;
- S’accorder des micro-siestes de 20 minutes en cas de grande fatigue.
Selon Santé publique France, un sommeil régulier et suffisant réduit de 30 % la probabilité de symptômes anxieux.
2. Mieux organiser sa reprise
Face à la surcharge d’e-mails et aux obligations qui s’accumulent, la clé est de prioriser :
- Classer les tâches en urgentes et importantes ;
- Traiter les mails par lots, plutôt que de les ouvrir en continu ;
- Planifier des pauses régulières pour éviter la fatigue cognitive.
Astuce : prévoir une “demi-journée tampon” à la rentrée (par ex. revenir au bureau un jour plus tôt que les autres) pour préparer son environnement de travail.
3. Bouger pour réduire le stress
L’activité physique est un anxiolytique naturel. Elle permet de libérer des endorphines et de diminuer la tension nerveuse.
- 30 minutes de marche rapide ou d’activité physique à moyenne ou haute intensité par jour réduisent l’anxiété de 20 à 25 % selon l’INSERM ;
- Le yoga et la natation sont particulièrement adaptés à la rentrée car ils combinent activité physique et relaxation.
4. Pratiquer la relaxation et la respiration
Des techniques simples et gratuites peuvent être intégrées dans la routine :
- Cohérence cardiaque : 5 minutes, 3 fois par jour, régulent le rythme cardiaque ;
- Méditation guidée : diminue l’activité de l’amygdale, centre de la peur dans le cerveau ;
- Respiration profonde : 10 inspirations et expirations lentes suffisent à calmer une montée d’anxiété.
5. Maintenir des moments agréables
Il est essentiel de ne pas réduire la rentrée à une suite d’obligations. Conserver des espaces de plaisir permet d’équilibrer le stress :
- Planifier des sorties amicales ou familiales ;
- S’accorder du temps pour un loisir (lecture, musique, activité manuelle) ;
- Prévoir un prochain week-end ou voyage, pour garder une perspective positive.
6. En parler et demander de l’aide
L’anxiété est souvent amplifiée lorsqu’elle est vécue en silence. En discuter avec son entourage ou un professionnel aide à relativiser.
- Le soutien social est un facteur protecteur majeur ;
- En cas de symptômes persistants, une consultation avec un médecin ou un psychologue permet d’envisager des solutions personnalisées (thérapies cognitives et comportementales, suivi psychologique, voire traitement médicamenteux si nécessaire).
Et chez les enfants ?
La rentrée est aussi une source d’anxiété pour les plus jeunes. Un enfant peut exprimer son stress par des maux de ventre, des pleurs, des cauchemars ou un refus d’aller à l’école.
Comment les aider ?
- Rassurer en expliquant le déroulement de la journée ;
- Instaurer une routine stable (sommeil, repas, temps calme) ;
- Valoriser les petits progrès et encourager les efforts ;
- Éviter de projeter ses propres inquiétudes.
Quand consulter un professionnel ?
Si malgré ces stratégies l’anxiété reste envahissante, il est important d’oser en parler. Un médecin ou un psychologue pourra :
- Évaluer la sévérité des symptômes ;
- Proposer un suivi psychologique (TCC, relaxation, thérapie de soutien) ;
- Orienter vers une prise en charge médicamenteuse si nécessaire.
Si vous souhaitez obtenir un accompagnement psychologique, nos psychologues et nos psychiatres sont à votre écoute en téléconsultation sur Livi.
Prévenir l’anxiété de rentrée sur le long terme
La rentrée revient chaque année : il est donc utile de mettre en place des habitudes durables pour mieux l’aborder :
- Entretenir une hygiène de vie équilibrée (sommeil, alimentation, activité physique) ;
- S’accorder des temps de pause réguliers pendant l’année ;
- Développer des compétences en gestion du stress (relaxation, organisation, lâcher-prise) ;
- Travailler sur son rapport au travail ou à l’école : apprendre à poser des limites, déléguer, relativiser.
Sources
IFOP – Étude sur le stress de la rentrée, 2023
Baromètre du stress au travail 2023 – OpinionWay
OMS – Global report on mental health, 2022
Observatoire de la vie étudiante – Enquête sur la santé mentale des étudiants, 2022
Santé publique France – Sommeil et santé mentale, 2021
INSERM – Activité physique et anxiété, 2020
UNICEF – Enquête sur le bien-être scolaire, 2022
