En France, une femme sur deux sera confrontée à une cystite au moins une fois dans sa vie. Avec la hausse des températures, ces infections deviennent plus fréquentes. Et ce n’est pas un hasard : l’été favorise plusieurs facteurs de risque comme la déshydratation, les baignades répétées ou encore les changements d’habitudes.
Nos médecins généralistes vous partagent leurs conseils pour prévenir et soulager les infections urinaires cet été.
Qu’est-ce qu’une infection urinaire ?
Une infection urinaire (ou cystite lorsqu’elle touche la vessie) est une infection bactérienne qui concerne le plus souvent les femmes. Dans 90 % des cas, elle est causée par une bactérie d’origine digestive appelée Escherichia coli. Cette dernière remonte l’urètre et colonise la vessie, provoquant une infection.
Les symptômes typiques sont :
- Brûlures ou douleurs en urinant ;
- Envie fréquente et urgente d’uriner ;
- Petites quantités d’urines lors des mictions
- Sensation de vessie pleine même après la miction ;
- Urines troubles, malodorantes, parfois sanglantes ;
- Douleurs du bas ventre.
Si l’infection remonte vers les reins, il s’agit alors d’une pyélonéphrite qui se manifeste par une fièvre, des douleurs lombaires latéralisées, des nausées et une fatigue intense. Cette infection nécessite une prise en charge médicale rapide.
Pourquoi les infections urinaires sont plus fréquentes en été ?
De nombreuses études montrent une augmentation significative des infections urinaires pendant les mois chauds. Une étude publiée en 2020 dans le Journal of Urology* a constaté une hausse de 18 à 30 % des diagnostics de cystite entre juin et septembre. Plusieurs facteurs peuvent l’expliquer :
1. La chaleur et la déshydratation
En été, le corps transpire davantage pour réguler sa température. Cette perte d’eau accrue, si elle n’est pas compensée par une hydratation suffisante, entraîne une diminution du volume urinaire et de la fréquence des mictions Or, uriner régulièrement permet de “nettoyer” la vessie et de chasser naturellement les bactéries susceptibles de provoquer une infection. La déshydratation augmente donc le risque que des bactéries se développent au niveau de l’appareil urinaire.
2. Les baignades prolongées
Lors des journées à la plage ou à la piscine, il est fréquent de garder un maillot humide pendant plusieurs heures, parfois même jusqu’au soir. Cette macération prolongée dans un environnement chaud et humide favorise la prolifération des bactéries dans la zone génitale.
- Le tissu mouillé colle à la peau, augmente la température locale et perturbe la flore protectrice ;
- Le port d’un maillot de bain serré ou en synthétique aggrave encore le phénomène ;
- Si l’eau est peu propre (piscine mal chlorée, lac pollué, baignade sauvage), elle apporte des germes au contact de la vulve ou de l’urètre.
3. L’hygiène intime excessive ou inadaptée
En été, certaines personnes augmentent la fréquence de leurs toilettes intimes, notamment après les baignades, après avoir transpiré ou à la suite de rapports sexuels. Mais trop d’hygiène nuit à l’équilibre de la flore vaginale.
- Les produits parfumés, antiseptiques ou à pH non adapté déséquilibrent la flore protectrice, laissant la possibilité aux germes de se développer ;
- Les douches vaginales sont particulièrement nocives : elles éliminent les lactobacilles essentiels à la défense naturelle contre les infections.
Une hygiène excessive est donc aussi problématique qu’un manque d’hygiène.
4. L’augmentation des rapports sexuels
L’été est souvent associé à une vie sexuelle plus active, en raison du temps libre, des voyages ou du relâchement des habitudes. Or, les rapports sexuels peuvent déclencher des cystites car ils favorisent la migration de bactéries vers l’urètre, surtout chez les femmes dont l’anatomie est plus vulnérable (urètre court, proximité de l’anus et du vagin).
Le risque augmente si :
- Il n’y a pas de miction après le rapport ;
- Il y a un frottement excessif ou un manque de lubrification ;
- Les rapports sont plus fréquents qu’à l’accoutumée.
5. Le rythme de vie en vacances
Enfin, l’été perturbe souvent les habitudes : alimentation plus sucrée, consommation d’alcool, sommeil irrégulier, vêtements serrés, transpiration accrue… Tous ces éléments ont un impact indirect sur la santé urogénitale, en modifiant le microbiote, le transit ou l’immunité locale.
Qui est le plus concerné ?
Les femmes sont les plus touchées, en effet, une femme sur deux aura au moins une infection urinaire dans sa vie. Les hommes sont plus rarement concernés par les infections urinaires qui touchent 50 fois plus de femmes que d’hommes entre 20 et 50 ans. Cependant, une infection urinaire chez l’homme est plus sévère.
Comment prévenir les infections urinaires en été ?
1. Boire beaucoup… même sans soif
C’est le geste le plus important : une bonne hydratation permet de produire une urine abondante, moins concentrée, et d’éliminer régulièrement les bactéries qui pourraient coloniser la vessie.
- L’objectif est de boire 1,5 à 2 litres d’eau par jour, davantage en cas de chaleur, de sport ou de transpiration importante ;
- Il est recommandé d’uriner au moins 5 à 6 fois par jour ;
- Des urines claires et inodores sont un bon indicateur d’hydratation suffisante.
2. Adopter les bons gestes d’hygiène intime
L’hygiène intime joue un rôle majeur, mais trop en faire peut déséquilibrer la flore protectrice du vagin et favoriser les infections.
- Effectuer une toilette par jour maximum, avec un nettoyant doux, sans savon et sans parfum, au pH adapté ;
- Éviter les douches vaginales, les lingettes parfumées ou les produits antiseptiques (souvent trop agressifs) ;
- Après les selles, toujours s’essuyer d’avant en arrière, pour éviter la migration de bactéries digestives vers la zone urinaire ;
- Se laver les mains avant et après être allée aux toilettes.
3. Changer de maillot de bain après chaque baignade
Garder un maillot mouillé crée un environnement chaud et humide, propice à la prolifération bactérienne.
- Se changer dès que possible après chaque baignade ;
- Prévoir un ou deux maillots de rechange pour la journée si besoin ;
- De façon générale, privilégier les sous-vêtements en coton plutôt qu’en matière synthétique et éviter les vêtements trop serrés.
4. Uriner après les rapports sexuels
Les infections urinaires post-coïtales sont fréquentes, surtout en période estivale. Le frottement pendant le rapport facilite la remontée des bactéries vers l’urètre.
- Il est recommandé d’uriner dans les 30 minutes après un rapport pour éliminer les bactéries introduites dans les voies urinaires ;
- Boire un grand verre d’eau après le rapport est également utile ;
- En cas de cystites à répétition après les rapports, un médecin peut proposer un traitement préventif adapté (antibiotique ponctuel, D-mannose…).
5. Ne pas se retenir d’uriner
Lors des trajets en voiture, des journées à la plage ou lors de festivals, on a parfois tendance à retarder le moment d’aller aux toilettes. Mauvaise idée : plus l’urine stagne, plus les bactéries ont le temps de se développer dans la vessie.
- Aller aux toilettes dès que l’envie se fait sentir, même si l’environnement est peu pratique (prévoir du papier ou des lingettes sans parfum si besoin) ;
- En cas de toilettes publiques à l’hygiène douteuses, il vaut mieux s’asseoir en protégeant la cuvette que de rester accroupie sans vider complètement sa vessie.
Que faire en cas de symptômes ?
Dès l’apparition des premiers signes (brûlures, envies pressantes, urines troubles), il faut :
- Boire abondamment pour diluer l’urine et favoriser l’élimination bactérienne ;
- Consulter rapidement un médecin notamment si les symptômes persistent au-delà de 48h, s’aggravent, ou en cas de grossesse, fièvre ou douleurs lombaires ;
- Ne pas s’automédiquer avec des antibiotiques restants : le traitement dépend de la bactérie en cause ;
- Réaliser une analyse d’urines si recommandé, notamment en cas de récidives.
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Traitement : antibiotiques et alternatives naturelles
En cas de cystite simple, un antibiotique en dose unique ou sur 3 à 5 jours est souvent prescrit. Les plus courants sont :
- Fosfomycine ;
- Pivmécillinam ;
- Nitrofurantoïne.
Pour les infections plus sévères ou récidivantes, une analyse d’urine permettra d’adapter l’antibiotique selon le germe.
Certains compléments peuvent être utilisés en prévention ou dès les premiers symptômes en association aux antibiotiques :
- D-mannose : sucre naturel empêchant l’adhésion des bactéries à la paroi vésicale ;
- Cranberry (canneberge) : son efficacité reste discutée, mais elle pourrait jouer un rôle préventif ;
- Probiotiques vaginaux : pour renforcer la flore protectrice.
Vous suspectez une infection urinaire ou vous souhaitez discuter de vos symptômes avec un professionnel de santé et votre médecin traitant n’est pas disponible ? Nos médecins généralistes sont à votre écoute 7j/7 avec ou sans rendez-vous sur Livi.
Sources
- INVS – Surveillance des infections urinaires communautaires, France
- Journal of Urology, 2020 – Seasonal variations in urinary tract infections
- HAS – Fiche mémo “Infection urinaire simple de la femme adulte”
- Santé Publique France – Consommation d’antibiotiques et résistances bactériennes, rapport 2023