Le préservatif est l’un des moyens de protection les plus connus, mais aussi l’un des plus mal utilisés. S’il est correctement employé, il est très efficace pour prévenir les infections sexuellement transmissibles (IST) et les grossesses non désirées. Pourtant, selon une enquête de Santé publique France, près de 1 personne sur 4 avoue ne pas savoir parfaitement comment bien l’utiliser. Ce manque d’information peut entraîner des échecs de protection et une fausse impression de sécurité. Nos médecins généralistes vous disent tout sur le bon usage du préservatif.
Pourquoi utiliser un préservatif ?
Le préservatif est le seul moyen de protection qui offre une double efficacité : il protège à la fois contre les infections sexuellement transmissibles (IST) et contre les grossesses non désirées. C’est une méthode barrière, simple d’utilisation, peu coûteuse, accessible.
1. Une protection efficace contre les IST
Utilisé correctement, le préservatif réduit considérablement le risque de transmission de la majorité des IST, dont certaines peuvent être asymptomatiques pendant longtemps :
- VIH (virus du sida) ;
- Chlamydia ;
- Gonorrhée (blennorragie) ;
- Syphilis ;
- Papillomavirus humain (HPV) ;
- Herpès génital.
En France, selon Santé Publique France, plus de 124 000 infections à chlamydia et plus de 38 000 cas de gonorrhée ont été recensés en 2022. Ces chiffres sont en constante augmentation chez les moins de 30 ans.
Le préservatif constitue une barrière physique empêchant les fluides corporels (sperme, sécrétions vaginales, sang) d’être échangés lors d’un rapport sexuel, réduisant ainsi fortement les risques de contamination.
2. Une méthode contraceptive fiable
En plus de sa fonction protectrice contre les IST, le préservatif est aussi une méthode de contraception efficace.
- Efficacité en usage parfait : 98 % ;
- Efficacité en usage courant : environ 85 % (principalement en raison d’erreurs d’utilisation).
Il est donc particulièrement recommandé en cas de rapports sexuels occasionnels ou de nouvelle relation, mais aussi comme méthode de secours en cas d’oubli de pilule ou d’incertitude contraceptive.
3. Une accessibilité et une autonomie
Le préservatif est disponible sans ordonnance, en pharmacie, supermarché ou distributeur. Il est gratuit pour les moins de 26 ans depuis 2023, sur simple présentation de la Carte Vitale.
Il peut être utilisé par tout le monde, sans limite d’âge ni contre-indication médicale, et donne le contrôle à chaque partenaire sur sa propre protection.
4. Une méthode respectueuse du corps
Contrairement à d’autres contraceptifs hormonaux, le préservatif ne modifie ni le cycle menstruel, ni l’humeur, ni le métabolisme. Il ne nécessite pas de suivi médical spécifique et n’interfère pas avec l’allaitement, ou les traitements.
Quelle est la fréquence d’utilisation des préservatifs en France ?
Selon Santé Publique France, 63 % des 18-24 ans déclarent avoir utilisé un préservatif lors de leur dernier rapport sexuel. Ce chiffre chute à 27 % chez les 25-49 ans.
En parallèle, les infections sexuellement transmissibles (IST) repartent à la hausse depuis quelques années :
- En 2022, plus de 50 000 cas de chlamydia ont été enregistrés en France ;
- Le nombre de diagnostics de gonorrhée a doublé entre 2012 et 2020 ;
- Le VIH reste une réalité, avec près de 5 000 nouvelles contaminations par an, dont une partie pourrait être évitée par l’usage systématique du préservatif.
Comment choisir son préservatif ?
Choisir un préservatif adapté est essentiel pour garantir à la fois confort, sécurité et efficacité. Un modèle mal choisi peut glisser, se rompre ou gêner le rapport.
La bonne taille
La largeur du préservatif doit correspondre à la circonférence du pénis. Trop serré, il risque de se déchirer ; trop large, il peut glisser. Il existe des tailles allant de 47 mm à 69 mm. Certaines marques proposent des guides ou testeurs de taille en ligne.
La matière
La plupart des préservatifs sont en latex, mais des versions sans latex existent pour les personnes allergiques (polyuréthane, polyisoprène). Ces alternatives sont aussi plus fines et souvent mieux tolérées.
Avec ou sans lubrifiant
La plupart sont prélubrifiés, mais il est possible d’ajouter un lubrifiant à base d’eau ou de silicone si besoin. Les lubrifiants gras (huile, vaseline) sont à proscrire : ils fragilisent le latex.
Formes, textures, options
Il existe des modèles classiques, nervurés, ultra-fins, anatomiques ou retardants. Les aromatisés sont surtout pensés pour les rapports oraux, mais peuvent contenir des substances irritantes pour les muqueuses génitales.
Norme CE ou NF
Toujours vérifier que le préservatif est certifié CE ou NF, gage de conformité aux normes européennes (résistance, étanchéité, sécurité).
Comment mettre un préservatif masculin ? Étape par étape
- Vérifiez l’emballage : pas de déchirure, date de péremption ok ;
- Ouvrez délicatement le sachet avec les doigts (jamais les dents ni des ciseaux) ;
- Déroulez un peu le préservatif pour identifier le bon sens (il doit se dérouler facilement) ;
- Placez-le sur le pénis en érection dès le début du rapport (et non en cours) ;
- Pincez le réservoir à l’extrémité pour éviter l’air à l’intérieur ;
- Déroulez-le jusqu’à la base du pénis, sans ne le tordre ni le tirer trop fort ;
- __Après l’éjaculation__, tenez la base du préservatif avant de vous retirer, puis jetez-le à la poubelle (pas dans les toilettes).
Il est recommandé de se laver les mains avant manipulation, surtout si on a manipulé du lubrifiant, un sextoy ou s’il y a eu contact avec des fluides.
Le préservatif féminin : une alternative efficace
Moins connu, le préservatif féminin est une gaine souple à insérer dans le vagin. Il est auto-positionné, et peut être posé jusqu’à 8h avant un rapport.
Quels sont les avantages ?
- Peut être placé à l’avance ;
- Pas besoin de retrait immédiat après l’acte ;
- Alternative utile en cas d’allergie au latex ou refus du partenaire d’utiliser un préservatif masculin.
Mode d’emploi :
- Ouvriez délicatement l’emballage ;
- Pressez l’anneau intérieur et insérez dans le vagin comme un tampon ;
- Vérifiez que l’anneau externe reste à l’extérieur ;
- Après le rapport, le retirer délicatement et le jeter.
Son efficacité est comparable à celle du préservatif masculin (95 % en usage parfait, 79 % en usage courant).
Les erreurs fréquentes à éviter
Même si le préservatif semble facile à utiliser, des erreurs courantes peuvent compromettre son efficacité. Une mauvaise manipulation, un oubli ou un geste mal anticipé suffit à réduire sa protection contre les IST et les grossesses.
Parmi les erreurs les plus fréquentes :
Attendre avant de le mettre : il est impératif de le positionner sur le sexe en érection avant même les préliminaires oraux : lors de la fellation le liquide pré-éjaculatoire peut être contaminant. De même pour le cunnilingus et l’anulingus il est important de porter une digue dentaire.
Utiliser ses dents ou des ciseaux pour l’ouvrir : cela fragilise le latex, au risque de le percer involontairement ;
Le mettre à l’envers puis le retourner : si le préservatif est placé du mauvais côté au départ, il ne faut pas le retourner mais en prendre un nouveau. Des fluides peuvent déjà être présents et contaminer le partenaire ;
Oublier de pincer le réservoir : sans cette étape, de l’air peut s’accumuler à l’intérieur et provoquer une rupture pendant le rapport ;
Ne pas le dérouler entièrement jusqu’à la base du pénis : cela augmente le risque de glissement.
Retirer le pénis sans tenir la base du préservatif après l’éjaculation : ce geste peut entraîner un déversement du sperme dans le vagin ;
Réutiliser un préservatif : un préservatif est à usage unique, même si aucun rapport n’a eu lieu ;
Utiliser deux préservatifs en même temps (masculin + féminin, ou deux masculins) : le frottement entre eux augmente le risque de déchirure.
Autre point important : ne pas combiner latex et lubrifiant gras, car cela affaiblit la matière et augmente les risques de rupture.
En cas de doute, de mauvaise utilisation ou de rupture, il est recommandé de consulter rapidement un professionnel de santé, pour évaluer le risque d’IST ou envisager une contraception d’urgence.
À qui s’adresser en cas de doute ?
En cas de doute sur une situation à risque, une mauvaise utilisation, une rupture de préservatif ou besoin d’un conseil, n’attendez pas : il est important d’expliquer sa situation au plus vite pour une prise en charge efficace.
- Consultez votre médecin traitant, un médecin généraliste, un gynécologue ou les urgences ;
- Rendez-vous dans un CeGIDD (centre gratuit d’information, de dépistage et de diagnostic) ;
- Si vous souhaitez obtenir un rendez-vous en téléconsultation, nos médecins généralistes sont à votre écoute sur Livi pour un avis rapide, en toute confidentialité.
Sources
Santé Publique France – Baromètre santé sexuelle : https://www.santepubliquefrance.fr OMS – Contraceptive efficacy of male condoms: https://www.who.int FHI 360 – Female Condom Efficacy Studies Bulletin BEH – IST bactériennes en France, données 2022 Ministère de la Santé – Préservatifs gratuits pour les moins de 26 ans
