Votre enfant présente souvent des plaques rouges sur le corps et a tendance à se gratter ? Il pourrait s’agir d’un eczéma. Également appelée dermatite atopique, c’est la maladie de peau chronique la plus fréquente chez l’enfant. Dans les formes les plus importantes, elle peut entraîner des symptômes très inconfortables : démangeaisons, troubles du sommeil...
Nos médecins généralistes et nos dermatologues vous disent tout sur l'eczéma chez l'enfant et vous donnent leurs conseils pour l'apaiser.
Qu’est-ce que l’eczéma chez l’enfant ?
L’eczéma, aussi appelé dermatite atopique, est une maladie inflammatoire chronique de la peau. Elle évolue par poussées, alternant phases de crises et périodes de rémission.
En France, on estime que 10 à 15 % des enfants (1) souffrent d’eczéma et la moitié en souffrira à l’âge adulte. La maladie apparaît dans la majorité des cas très tôt : 6 enfants sur 10 présentent leurs premiers symptômes avant l’âge d’un an (2)
Concrètement, l’eczéma se caractérise par des plaques rouges, sèches et rugueuses, accompagnées de démangeaisons intenses (prurit). La localisation des plaques est variable selon l’âge.
Le prurit est le symptôme central : il perturbe le sommeil dans près de 40 % des cas (4)
Contrairement à certaines idées reçues, l’eczéma n’est pas une maladie contagieuse. Il est lié à une fragilité de la barrière cutanée et à une réaction excessive du système immunitaire, favorisée par des facteurs génétiques et environnementaux.
Comment se manifeste l’eczéma selon les âges ?
Chez le nourrisson
L’eczéma se manifeste souvent dès les premiers mois de vie de l’enfant. Des plaques rouges sur les joues, le menton, l’abdomen ou les bras apparaissent, parfois accompagnées de petites vésicules qui suintent avant de former des croûtes. La peau est sèche, rugueuse et les démangeaisons provoquent des pleurs fréquents, surtout la nuit et peuvent perturber le sommeil du bébé.
Chez l’enfant et l’adulte
En grandissant, l’eczéma se déplace et touche principalement les plis de la peau tels que les coudes, genoux, poignets, chevilles. Une atteinte autour de la bouche est possible. Les plaques deviennent plus épaisses et marquées par le grattage. Les démangeaisons restent très intenses et peuvent rendre l’enfant irritable, fatigué ou distrait en classe. On estime que 40 % des enfants atteints d’eczéma souffrent de troubles du sommeil liés aux démangeaisons (4).
Le cercle vicieux démangeaisons-grattage
Le symptôme le plus caractéristique de l’eczéma est le prurit, cette envie irrépressible de se gratter. Il crée un cercle vicieux : plus l’enfant se gratte, plus la peau s’abîme, ce qui accentue encore les démangeaisons. Une peau abîmée est également plus à risque d’infections.
Pourquoi mon enfant a-t-il de l’eczéma ?
C’est une question que beaucoup de parents se posent. L’eczéma n’est pas lié à une mauvaise hygiène ni à une allergie : il s’agit d’une maladie complexe et multifactorielle, influencée à la fois par la génétique, l’environnement et le mode de vie.
Une prédisposition familiale
L’eczéma fait partie des maladies dites atopiques, au même titre que l’asthme ou les allergies. Lorsqu’un parent est concerné par ce type de pathologie, le risque que l’enfant développe un eczéma est augmenté. On estime qu’un enfant dont les deux parents souffrent d’atopie a jusqu’à 70 % de risque d’avoir lui aussi de l’eczéma.
Une barrière cutanée fragile
La peau des enfants atteints d’eczéma présente un défaut de protection naturelle : elle laisse s’échapper plus d’eau (d’où la sécheresse) et laisse pénétrer plus facilement des allergènes, des irritants ou des bactéries. Ce déséquilibre favorise l’inflammation et déclenche les démangeaisons.
Des déclencheurs environnementaux
Même si l’eczéma n’est pas causé directement par un facteur extérieur, certains éléments peuvent favoriser les poussées :
- Les allergènes comme les acariens, pollens, poils d’animaux ;
- Les irritants cutanés : savons agressifs, lessives parfumées, tissus synthétiques ou laine ;
- Les variations climatiques : le froid assèche la peau, la chaleur et la transpiration peuvent l’irriter ;
- Le stress est un facteur aggravant.
Comment diagnostiquer l’eczéma chez l’enfant ?
Le diagnostic clinique est basé sur l’examen de la peau et l’historique des symptômes. Le médecin ou le pédiatre observe :
- La récurrence des plaques rouges et prurigineuses ;
- La sécheresse cutanée persistante ;
- Les antécédents familiaux d’atopie.
Des tests allergologiques peuvent être proposés si l’on suspecte un facteur déclenchant particulier (aliment, acariens...).
Quels traitements pour l’eczéma chez l’enfant ?
Il n’existe pas de traitement curatif mais plusieurs options permettent de contrôler la maladie et d’espacer les poussées.
Les soins de base : l’hydratation
L’hydratation quotidienne est le pilier du traitement. Des crèmes ou baumes émollients, appliqués une à deux fois par jour, restaurent la barrière cutanée et réduisent la sécheresse.
Une hydratation régulière diminue de 50 % la fréquence des poussées (5)
Les traitements locaux en cas de poussée
Dermocorticoïdes locaux (crèmes à base de cortisone) : réduisent l’inflammation rapidement.
Inhibiteurs de la calcineurine (pimécrolimus, tacrolimus) : crèmes sans cortisone, utiles en cas d’inefficacité des corticoïdes locaux.
En cas de formes sévères
Chez certains enfants, l’eczéma est très étendu ou résistant aux traitements locaux. Dans ce cas, d'autres solutions peuvent être proposées :
- La photothérapie (UV) ;
- Les traitements immunosuppresseurs comme la ciclosporine ;
- Les nouvelles biothérapies ciblées (comme le dupilumab, traitement qui agit uniquement sur l’inflammation).
Chaque traitement doit être validé par un médecin afin de s’assurer qu’il est adapté à l’âge, au type d’eczéma et à la sévérité des symptômes de l’enfant.
Les gestes du quotidien pour limiter et prévenir les poussées d’eczéma
L’eczéma évolue par poussées mais une grande partie de la prise en charge repose sur les habitudes quotidiennes. Des gestes simples, s’ils sont effectués régulièrement, permettent non seulement de soulager les symptômes mais aussi de prévenir la réapparition des crises.
Hydrater la peau tous les jours
L’hydratation est la clé pour renforcer la barrière cutanée. Appliquer une crème ou un baume nutritif au moins une fois par jour, et systématiquement après le bain, aide à réduire la sécheresse et à espacer les poussées. Une routine hydratante bien suivie réduit de moitié la fréquence des crises.
Il est également important de boire suffisamment d’eau quotidiennement et d’autant plus après un effort physique.
Choisir les bons produits d’hygiène
Les savons agressifs, gels douche parfumés ou bains trop chauds irritent la peau. Mieux vaut privilégier des produits lavants doux, surgras et sans parfum. Le bain ou la douche doivent être tièdes et relativement courts (5 à 10 minutes) pour ne pas assécher davantage la peau.
Adapter les vêtements et le linge
Les tissus synthétiques ou la laine peuvent accentuer les démangeaisons. Les vêtements en coton, amples et doux, sont à favoriser. Côté entretien du linge, mieux vaut utiliser une lessive hypoallergénique, sans adoucissant parfumé, afin de limiter les irritations.
Maintenir un environnement sain
L’air trop sec accentue la sécheresse cutanée. En hiver, un humidificateur dans la chambre de l’enfant peut être utile. Il est aussi conseillé de nettoyer et d’aérer régulièrement pour réduire l’exposition aux allergènes (acariens, pollens, poussières).
Le tabagisme passif est à éviter car il peut favoriser la survenue de poussées.
Rôle préventif de l’allaitement maternel
L’allaitement maternel exclusif pendant au moins 4 mois peut diminuer le risque d’eczéma et d’atopie chez l’enfant
Apprendre à gérer le grattage
Le prurit est difficile à contrôler, surtout chez les enfants. Couper régulièrement les ongles et utiliser des gants en coton la nuit en cas de grattage irrépressible peut limiter les lésions. L’application de compresses d’eau tiède ou de crème hydratante peut aider à calmer les démangeaisons.
Quand consulter ?
Il est recommandé de consulter un médecin généraliste ou un pédiatre si :
- Les lésions s’aggravent rapidement ou s’infectent (rougeurs étendues, suintement, croûtes jaunâtres) ;
- Les démangeaisons perturbent fortement le sommeil ;
- Les poussées sont fréquentes ou résistantes aux soins habituels ;
- Il existe une gêne importante dans la vie quotidienne ou scolaire.
Votre enfant souffre d’eczéma et son médecin traitant ou son pédiatre n’est pas disponible ?
Nos médecins généralistes, dermatologues et pédiatres sont à votre écoute 7j/7 en téléconsultation sur Livi.
Sources
- Inserm – Dermatite atopique : données épidémiologiques
- HAS – Prise en charge de l’eczéma de l’enfant
- Association Française de l’Eczéma – Données épidémiologiques
- Santé publique France – Qualité de vie des enfants avec maladies chroniques
- British Journal of Dermatology – Emollient therapy and eczema flare reduction, 2017

