Maladie de Crohn

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Dr. Laura Borgel

Conseil médical validé

La maladie de Crohn est une maladie inflammatoire chronique de l'intestin qui provoque une inflammation de la paroi digestive. Elle se manifeste par des douleurs abdominales, des diarrhées, une perte de poids et une fatigue. Un traitement médical et des changements alimentaires sont nécessaires pour contrôler les symptômes.

Qu’est-ce que la maladie de Crohn ?

La maladie de Crohn (MC) fait partie, avec la rectocolite hémorragique, des maladies inflammatoires chroniques de l’intestin (MICI). 

La maladie de Crohn entraîne une inflammation au niveau de l’ensemble du tube digestif : c'est-à-dire de la bouche jusqu’à l’anus. L’inflammation entraîne une fragilité des muqueuses intestinales et des ulcérations plus ou moins profondes pouvant aller jusqu’à la perforation ainsi que d’autres complications parfois très graves. 

Elle évolue par “poussées” c'est-à-dire des phases d’activités de la maladie où les symptômes sont présents en alternance avec des phases de rémission (accalmie) sans symptômes. Il n’est pas possible de prédire la fréquence, la durée ou l’intensité des crises. L’impact de cette maladie sur la qualité de vie peut être considérable.

La maladie de Crohn n’est pas contagieuse.

Quels sont les symptômes de la maladie de Crohn ?

Les symptômes de la maladie de Crohn ne sont observés que lors des phases de poussées (ou d’activité) de la maladie. Ils sont fonction de la localisation, de l’étendue et de l’intensité des lésions inflammatoires. 

Le plus souvent, la maladie touche la partie terminale de l’intestin grêle (qui relie l’estomac au “gros intestin”), le côlon (ou “gros intestin”) et l’anus. 

Les symptômes les plus fréquents sont : 

  • des diarrhées ;

  • la présence de glaires ou de sang dans les selles (rectorragie) ; 

  • des maux de ventres ; 

  • des nausées

  • des brûlures d’estomac ou des renvois acides ; 

  • une perte de poids et perte d’appétit ; 

  • de la fatigue

  • des douleurs anales et/ou des suintements anals ; 

  • des aphtes dans la bouche.

La maladie de Crohn peut également s’accompagner de symptômes non digestifs comme : 

  • des rhumatismes articulaires (douleurs articulaires) au niveau des membres (poignets, genoux, chevilles,...) ou du rachis; 

  • des manifestations cutanées qu’on appelle érythème noueux. Ce sont des nodules sous cutanés inflammatoires (boursouflures dures, rouges et douloureuses au niveau des jambes ou des avant-bras); 

  • une uvéite : inflammation profonde et potentiellement grave au niveau des yeux.

Est-ce une maladie courante ?

Elle est de plus en plus répandue et s’est développée dans le monde au cours des dernières décennies. 

Sa fréquence augmente rapidement dans les pays en voie d’industrialisation comme l’Asie ou le Moyen Orient.
Elle est plus importante dans l’hémisphère nord que dans l’hémisphère sud. 

Les pays industrialisés restent ceux où sa fréquence est la plus importante, toutefois il existe d’importantes variations selon les pays : elle est en effet plus courante dans les pays du nord de l’Europe que dans ceux du Sud.

Le nombre de malades en Europe est estimé à 2.5 millions. 

En France, la maladie de Crohn touche environ 1 personne sur 1000 et environ 4000 nouveaux cas sont diagnostiqués chaque année. 

Qui sont les personnes les plus à risque ?

La maladie de Crohn est la plus fréquente chez les adultes jeunes entre 20 et 30 ans. Cependant dans 5% des cas elle se déclare chez des sujets âgés ou chez des enfants et des adolescents.

Les femmes sont un peu plus touchées que les hommes : environ 13 femmes pour 10 hommes. 

Le tabac joue un rôle majeur dans la maladie de Crohn. En effet le risque de développer la maladie est 2 fois plus élevé chez les fumeurs. Le tabac est également associé à des formes de la maladie plus sévères et plus difficiles à traiter et il expose à des rechutes et récidives plus fréquentes ainsi qu’un surrisque d’interventions chirurgicales. 

Il existe une prédisposition familiale c’est à dire qu’elle est plus fréquemment observée chez plusieurs membres d’une même famille. 

La population blanche de souche européenne semble plus touchée par la maladie, et l’on retrouve également une prédisposition supérieure chez les populations juives ashkénazes. 

Peut-elle toucher les enfants ?

10 à 15% des maladies inflammatoires chroniques de l’intestin (MICI) touchent les enfants, et 70% des cas sont des maladies de Crohn. 

Les symptômes apparaissent généralement entre 12 et 14 ans et sont similaires à ceux observés chez l’adulte. Les symptômes non digestifs sont plus fréquents chez les adultes. 

Les enfants dont un des parents est atteint de maladie de Crohn ont un risque 4 à 6 fois plus important de développer la maladie. 

Quelles sont les causes de la maladie de Crohn ?

Les causes et mécanismes de survenue de la maladie de Crohn sont encore mal compris. Il existe à priori plusieurs facteurs qui interagissent : 

  • des facteurs génétiques : ce n’est pas une maladie héréditaire à proprement parler mais il existe des facteurs génétiques de prédisposition à la maladie et donc une prédisposition familiale. Certains gènes ont d’ailleurs été identifiés comme favorisant l’apparition de la maladie lorsqu’il présentent des mutations (tels que le gène CARD15/NOD2 qui multiplie par 4 ou 5 le risque de développer la MC). 

  • des facteurs immunitaires : il existe probablement un dysfonctionnement du système immunitaire qui réagit anormalement contre les bactéries normalement présentes dans le tube digestif (microbiote ou flore intestinale) entraînant l’inflammation chronique.

  • et des facteurs environnementaux

    • Le tabac est le principal facteur environnemental connu dans le déclenchement de la MC. 

    • Le type d’alimentation pourrait également influer (trop de sucre raffiné, saccharose, additifs alimentaires, et peu de fibres). 

    • Les médicaments comme l’aspirine et les anti-inflammatoires peuvent révéler la maladie ou déclencher une poussée. Par ailleurs, la contraception orale ne paraît pas augmenter le risque de MC. 

    • Le stress psychologique est le plus souvent un facteur associé mais son rôle déclenchant n’a pas été clairement démontré. 

    • L’amélioration du niveau de vie et donc des conditions d’hygiène dans les pays industrialisés pourrait, en réduisant l’exposition aux agents infectieux dans l’enfance, induire une fragilité immunitaire chez l’adulte pouvant favoriser la survenue de la MC.

    •  L’ensoleillement et la vitamine D pourraient jouer un rôle dans l’incidence de la MC. Plusieurs études ont montré que les patients atteints de maladie de Crohn avaient au moment du diagnostic un taux de vitamine D abaissé, de plus les régions bénéficiant d’un faible taux d’ensoleillement sont également celles où l’incidence de la maladie est la plus élevée. 

Est-ce une maladie grave ?

Il n’existe à ce jour aucun moyen permettant de guérir de la maladie de Crohn. Les traitements actuels permettent de contrôler la maladie et de limiter l’apparition des symptômes. Lorsqu’elle est bien contrôlée sous traitement, la plupart des personnes atteintes peuvent vivre une vie relativement normale. 

Toutefois, l’espérance de vie générale des patients atteints de le maladie de Crohn n’est pas diminuée. Cependant chez 10% des patients la maladie et ses complications sont invalidantes et entraînent des difficultés et une dégradation de la qualité de vie des personnes. Bien que peu fréquents, les décès sont généralement dues aux complications de la maladie notamment une perforation intestinale, une septicémie (infection disséminée), une dénutrition majeure et la dégénérescence cancéreuse.

Quelles sont les complications possibles ?

Même si les risques de décès sont peu fréquents, les complications qui peuvent survenir au cours de l’évolution d’une maladie de Crohn sont très nombreuses.
Elles nécessitent le plus souvent une prise en charge urgente et parfois une hospitalisation. 

Les complications aiguës les plus fréquentes sont : 

  • une colite aiguë (plus de 6 selles sanglantes par jour associées à un amaigrissement, de la fièvre et une anémie) ; 

  • une sténose intestinale (rétrécissement du diamètre de l’intestin) pouvant être responsable d’occlusion intestinale ; 

  • une perforation intestinale (les parois de l’intestin étant fragiles elles peuvent se fissurer ou se rompre) pouvant provoquer une infection de la cavité de l’abdomen (péritonite) ; 

  • un abcès ; 

  • une hémorragie digestive ; 

  • une fistule (communication anormale entre le tube digestif et un autre organe) ; 

  • une dénutrition et des carences vitaminiques (par mauvaise absorption des nutriments et vitamines à travers la paroi intestinale) ;

  • en cas d’atteinte du canal anal : des fissures anales, des abcès et des fistules anales ;

  • une anémie (du fait de la mauvaise absorption du fer et de l’inflammation);

  • une cholangite sclérosante primitive (inflammation et épaississement des canaux qui acheminent la bile du foie vers l’intestin grêle) qui augmente le risque de cancer des voies biliaires et du côlon.

A plus long terme, les personnes qui souffrent de maladie de Crohn ont un risque plus élevé de développer un cancer du côlon ou de l’intestin, surtout s’ils présentent des lésions étendues. En France un dépistage systématique est réalisé chez ces patients par iléo-coloscopies afin de détecter au plus tôt une lésion suspecte. 

Par ailleurs, chez les enfants, si la maladie est sévère et les crises fréquentes, un trouble de la croissance et un retard de puberté peut être observé. Il est donc nécessaire que les enfants soient suivis régulièrement et qu’ils puissent si nécessaire bénéficier de systèmes de nutrition spécifiques (comme la mise en place d’une sonde alimentaire la nuit). 

Du fait de l’impact de la maladie sur la vie quotidienne, les patients peuvent avoir des difficultés scolaires, des répercussions socioprofessionnelles mais également psychologiques.

Comment diagnostiquer la maladie de Crohn ?

Le diagnostic de la maladie de Crohn se fait le plus souvent lors d’une poussée. Il repose sur l’interrogatoire du patient c'est-à-dire l’analyse des symptômes, l’examen clinique ainsi que certains examens complémentaires. 

Les examens complémentaire nécessaire au diagnostic sont : 

  • l'iléo-coloscopie et l’endoscopie (ou fibroscopie) oeso-gastro-duodénale (EOGD ou FOGD) qui permettent d’observer la paroi de l’intestin à l’aide d’une sonde et de réaliser si nécessaire des biopsies (prélèvements d’un petit fragment de paroi pour analyse); 

  • et le bilan sanguin qui permet de chercher une inflammation ainsi que certaines complications (anémie, carence en vitamine, dénutrition,...); 

Dans certains cas, des examens spécifiques sont nécessaires pour compléter le bilan (scanner, échographie, imagerie par résonance magnétique, vidéocapsule, …). 

Quels sont les traitements contre la maladie de Crohn ?

Même s’il n’existe pas encore de solution pour guérir de la maladie de Crohn, les traitements actuels ont plusieurs objectifs : 

  • soulager les symptômes durant les poussées (“traitement d’attaque”) et obtenir une cicatrisation de certaines lésions et une diminution voire une disparition de l’inflammation ;

  • prévenir les rechutes et les complications en diminuant l’activité du système immunitaire (“traitement d’entretien”) ;

  • éviter si possible la chirurgie ; 

  • maintenir un bon état nutritionnel, et chez les enfants une croissance satisfaisante ; 

  • améliorer ou maintenir la qualité de vie des patients et limiter l’impact de la maladie sur leur vie quotidienne ; 

  • assurer un soutien psychologique. 

La prise en charge est généralement assurée par une équipe pluridisciplinaire.
Les différents traitement possibles sont : 

### Les traitements médicamenteux :

  • médicaments antidiarrhéiques et antidouleurs ; 

  • aminosalicylés (sulfasalazine, mésalazine, olsalazine,...) ; 

  • corticoïdes par voie orale ou par voie rectale ; 

  • médicaments immunosuppresseurs (azathioprine, mercaptopurine, méthotrexate) ; 

  • biothérapies : ce sont des “anticorps monoclonaux” (anti-TNF (infliximab, adalimumab), ustekinumab et vedolizumab) ; 

  • antibiotiques et probiotiques si nécessaire pour traiter certaines complications.

### Les traitements nutritionnels 

  • Ils permettent de traiter et de limiter la dénutrition. Quand ils sont nécessaires, ils peuvent être suivis à domicile. 

  • Il existe 2 possibilités : la nutrition entérale (à l’aide d’une sonde à débit continu, positionnée dans le tube digestif) et la nutrition parentérale ou sonde nasogastrique (par un fin tuyau placé dans une veine).

 

### La chirurgie 

  • 50 à 70% des patients devront subir une intervention chirurgicale dans les dix ans. 

  • La chirurgie permet de supprimer la partie de l’intestin malade et de réparer une complication (sténose, fistule, lésion profonde). 

  • Toutefois, la chirurgie n’empêche pas les récidives qui sont pratiquement constantes (dans 90% des cas). 

  • Dans certains cas, il peut être nécessaire de réaliser une stomie (anus artificiel). 

Le choix du type de traitement se fait selon la sévérité des symptômes, la localisation, l’étendue des lésions ainsi qu’en fonction du patient (de ses facteurs de risques ainsi que ses autres pathologies ou traitements en cours) qui doit être traité. 

Par ailleurs d’autres traitements ou recommandations peuvent être nécessaires dans la prise en charge de la maladie de Crohn : 

  • L’arrêt du tabac est capital (sa consommation même minime, aggrave la maladie favorise la survenue de rechutes. Son arrêt est bénéfique dès la première année avec une diminution du nombre de rechutes, du recours aux traitements d’entretien et à la chirurgie.)

  • Le suivi diététique ;

  • Le soutien psychologique (entourage, médecin généraliste ou spécialiste, psychologue, psychiatre, assistante sociale, médecin du travail, médecin scolaire, associations de patients,...).

Quelle alimentation en cas de maladie de Crohn ?

Pendant les poussées, l’alimentation à une influence sur la sévérité des symptômes, il est donc possible de faire provisoirement des modifications alimentaires afin de les limiter les symptômes : 

  • diminuer l’apport en résidus et fibres : c’est à dire diminuer les fruits, les légumes, les céréales, les graines et fruits à coque (noix, …);

  • maintenir une bonne hydratation; 

  • diminuer les épices et les aliments pimentés ou trop relevés; 

  • éviter les aliments trop gras et les repas trop copieux; 

  • diminuer les boissons contenant de la caféine; 

  • limiter la consommation d’alcool. 

D’autres aliments peuvent aggraver les symptômes mais ils peuvent différer selon chaque patient. L’exclusion d’un aliment suspect d’aggravation de la maladie pendant 2 ou 3 semaines permet de confirmer ou pas la suspicion. Il peut être intéressant de tenir un journal alimentaire afin d’identifier ses propres aliments “aggravants”. 

En dehors des poussées, il est par ailleurs inutile de suivre un régime particulier car l’alimentation n’influe pas sur l’évolution de la maladie de Crohn. Aucune preuve scientifique n’indique qu’un type d’aliment puisse provoquer ou aggraver l’évolution de la maladie et il n’existe pas de régime anti-inflammatoire dont l’efficacité ait été démontrée. Certaines études argumentent les effets bénéfiques en prévention de la maladie et de sa sévérité d’un régime “méditerranéen” c'est-à-dire pauvre en graisses animales, sucres raffinés et nourriture industrielle. Il reste toutefois primordial de garder, en dehors des poussées, une alimentation équilibrée afin d’éviter les carences et la dénutrition.

Qu’est-ce que Livi peut faire pour vous ?

En cas de maladie de Crohn il est nécessaire d’avoir un suivi pluridisciplinaire complet et régulier. Vous pouvez vous adresser à Livi pour obtenir de l’aide ou des informations concernant la maladie, nos médecins généralistes, gastro-entérologues sont disponibles ainsi que nos psychiatre si vous en éprouvez le besoin.

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