Qu’est-ce que la chirurgie bariatrique ?
Également appelée chirurgie de l’obésité, la chirurgie bariatrique peut être employée pour les personnes souffrant de surpoids ou d'obésité. Elle regroupe en réalité plusieurs types d’interventions chirurgicales. Ces interventions ont vocation à aider le patient à perdre du poids et à contrôler certaines maladies engendrées par la surcharge pondérale, telles que le diabète, l’hypertension artérielle, l’hypercholestérolémie ou encore l’apnée du sommeil. On pratique généralement trois types d’interventions.
L’anneau gastrique
Cette technique est dite “restrictive”, car elle réduit la taille de l’estomac et ralentit le passage des aliments. Un anneau est placé autour de la partie supérieure de l’estomac, délimitant ainsi une petite poche stomacale supérieure, ou poche gastrique. Cette poche de taille réduite est donc vite remplie par les aliments ingérés, et la sensation de satiété apparaît rapidement. Selon le principe du sablier, les aliments s’écoulent ensuite très lentement dans la poche gastrique inférieure, puis dans les intestins. La technique de l’anneau gastrique ne perturbe pas la digestion des aliments, qui sont tous assimilés par l’organisme, et elle est la seule technique ajustable : le diamètre de l’anneau est en effet modifiable et peut donc être adapté au cours du suivi médical du patient.
La sleeve gastrique
Également restrictive, cette opération consiste à retirer environ les 2/3 de l’estomac, dont la partie contenant les cellules qui sécrètent l’hormone stimulant l’appétit : la ghréline. L’appétit est donc diminué et l’estomac n’a plus une forme de poche mais plutôt celle d’un tube vertical. Les aliments passent donc plus rapidement dans l’intestin, mais tout comme l’anneau gastrique, cette technique a l’avantage de ne pas perturber leur digestion.
Le bypass gastrique
Contrairement aux deux techniques précédentes, le bypass, aussi appelé court-circuit gastrique en Y, est une technique à la fois restrictive et malabsorptive, c’est-à-dire qui agit également sur la façon dont les aliments sont digérés par l’organisme. En créant un court-circuit d’une partie de l’estomac et de l’intestin, le bypass permet donc de diminuer à la fois la quantité d’aliments ingérés, puisque la taille de l’estomac est réduite à une petite poche, mais également l’assimilation de ces aliments par l’organisme. Aucun organe n’est enlevé ou rétréci au cours de cette intervention, mais les aliments vont directement dans la partie moyenne de l’intestin grêle, et sont donc assimilés en moindre quantité.
Ces différentes opérations sont le plus souvent pratiquées sous cœlioscopie, une technique de chirurgie permettant d’accéder à l’intérieur de l’abdomen par de petites incisions de la paroi abdominale. Il faut donc bien s’y préparer, aussi bien mentalement que physiquement, et être conscient qu’elles requièrent toutes un suivi post-opératoire à vie, ainsi qu’un programme d’éducation diététique et d’activité physique.
Pourquoi avoir recours à la chirurgie bariatrique ?
L’obésité peut avoir de lourdes conséquences physiques, en particulier si la surcharge pondérale se situe au niveau du ventre - on parle alors de graisse viscérale - mais aussi psychologiques. Le surpoids peut constituer une entrave à la mobilité, porter atteinte à l’estime de soi, voire entraîner un rejet de son propre corps dans certains cas. Il est donc important de savoir que des solutions s’offrent à vous si vous avez du mal à perdre votre excès de poids et que cela engendre un mal-être. Pour autant, la chirurgie de l’obésité n’est pas anodine. Soigner l’obésité par une intervention chirurgicale ne peut être envisagé par le patient ou son médecin que si les mesures prises pour lutter contre l’obésité n’ont pas eu les résultats escomptés. Combattre l’obésité passe d’abord par une prise en charge médicale spécialisée de plusieurs mois avec suivi médical et diététique, un programme d’activité physique et un soutien psychologique.
Si vous avez déjà tenté sans succès de perdre du poids grâce à ces méthodes, n’hésitez pas à aborder ce sujet avec votre médecin ou l’équipe médicale en charge de votre suivi.
Indications et contre-indications de la chirurgie bariatrique
La chirurgie bariatrique est donc réservée aux personnes :
- souffrant d’une obésité massive (IMC ≥ 40 kg/m²) ou d’une obésité sévère (IMC ≥ 35 kg/m²) si elle est associée à au moins une complication pouvant être améliorée grâce à la chirurgie (diabète, hypertension artérielle, apnée du sommeil ou encore troubles articulaires) ;
- qui ont déjà tenté, sans succès, de perdre du poids grâce à une prise en charge médicale spécialisée ;
- qui ne présentent pas de contre-indications à la chirurgie et à l’anesthésie générale, ou de risque opératoire particulier ;
- âgées de 18 à 60 ans : même s’il n’existe pas vraiment de limite d’âge pour ce type d’intervention, d’autres méthodes sont privilégiées pour les patients les plus jeunes ou d’un âge avancé ;
- n’ayant pas de contre-indication d’ordre psychologique.
La décision d’opérer doit être prise après de nombreuses discussions entre le patient et l’équipe médicale en charge de son suivi, qui peut inclure le médecin traitant, le chirurgien, l’endocrinologue, le nutritionniste, le psychologue ou psychiatre : c’est une décision prise de manière collégiale, mettant systématiquement le bien-être physique et mental du patient en priorité.
Quelle prise en charge ?
L’obésité étant une maladie grave, si l’intervention chirurgicale est envisageable, l'équipe médicale responsable de votre suivi vous donnera plus d’informations sur la technique opératoire choisie (anneau, sleeve ou bypass). Si vous acceptez de vous faire opérer, une date d’intervention vous est proposée et une demande d’entente préalable est adressée à votre caisse d’Assurance maladie. Cette dernière rembourse alors tous les frais liés à l’intervention et à l’hospitalisation, dès lors qu’elle a donné son accord à la demande d’entente préalable.
En revanche, l’Assurance maladie ne prend pas systématiquement en charge :
- certains suppléments vitaminiques dans le cadre de la préparation de l’opération ou du suivi post-opératoire ;
- les consultations de psychologues ou de diététiciens libéraux ;
- certains actes de chirurgie réparatrice, comme l’abdominoplastie par exemple.
Vous pouvez demander conseil à votre médecin ou chirurgien, et vous renseigner auprès de l’Assurance maladie ou de votre mutuelle.
Comment se préparer pour une chirurgie bariatrique ?
En fonction des recommandations de votre médecin, et avant même d’envisager une intervention chirurgicale, il est primordial de vous mettre dans une état d’esprit positif et volontaire : une perte de poids peut être lente à observer et difficile à gérer sur le long terme. Il faut instaurer de nouvelles habitudes alimentaires et réfléchir à une activité physique adaptée à votre état de santé, à vos goûts et à vos possibilités : l’alimentation et l’exercice physique doivent rester si possible des moments de plaisir, au risque de vous lasser ou d’engendrer une trop grande sensation de privation. Les professionnels de santé sont là pour vous aider et vous proposer différentes activités : il existe par exemple des ateliers de cuisine et des programmes d’activité physique spécialisés.
Si vous souhaitez avoir recours à la chirurgie bariatrique, plusieurs professionnels de santé réunis au sein d’une équipe pluridisciplinaire seront là pour vous accompagner, mais également pour contrôler votre état de santé. Différents examens vous seront ainsi prescrits pour réaliser un bilan complet de votre état de santé et de vos habitudes hygiéno-diététiques, et afin de traiter certaines affections dont vous pourriez souffrir avant l’opération (carences, diabète, hypertension, troubles respiratoires). Vous pourrez donc avoir à vous soumettre à des prises de sang, une endoscopie du tube digestif et, si nécessaire, différentes radiographies, ou encore une évaluation de la fonction respiratoire et cardiaque. Un bilan psychologique vous sera également proposé afin d’envisager la meilleure prise en charge psychothérapeutique si besoin, ainsi qu’une information sur la grossesse et la contraception pour les femmes en âge d’avoir des enfants. Ces tests et examens pouvant être contraignants ou anxiogènes, il peut être très utile de rencontrer durant cette période des personnes ayant eu recours à la chirurgie bariatrique et étant passées par les mêmes protocoles de préparation.
Comment se déroule-t-elle ?
Une fois le type d’intervention déterminé par l’équipe médicale, l’opération est réalisée sous anesthésie générale, la plupart du temps par cœlioscopie, une technique peu invasive qui limite la douleur et permet au patient de retrouver une activité normale plus rapidement. Il est parfois nécessaire d’ouvrir l’abdomen (laparotomie), mais les médecins essaient d’y avoir recours le moins possible.
L’hospitalisation peut durer de 2 à 10 jours : elle dépendra du type d’intervention choisi et de votre état général de santé. Afin de vous remettre au mieux, il faudra prévoir au moins 2 semaines d’arrêt de travail après la sortie de l’hôpital. Les suites des interventions chirurgicales sur l’abdomen peuvent être douloureuses, l’équipe médicale vous prescrira des médicaments contre la douleur si vous en avez besoin.
Quelles sont les complications possibles ?
Comme toute intervention chirurgicale, certaines complications peuvent parfois apparaître en fonction de votre âge ou de votre état de santé général :
- Des complications mécaniques : le diamètre de l’anneau gastrique étant contrôlé par un boitier sous-cutanée, il est possible de développer une gêne, une infection ou des lésions au niveau du boîtier ou de l’anneau ;
- Des complications fonctionnelles : vomissements, impossibilité de s’alimenter, troubles de l’œsophage ou du transit ;
- Des carences nutritionnelles ;
- Des hémorragies ou des ulcères ;
- Des complications d’ordre psychologique.
Dans certains cas de complications graves, une nouvelle intervention peut s’avérer nécessaire pour retirer l’anneau ou pour réaliser une autre technique de chirurgie de l’obésité.
Que faire après l’opération ?
La chirurgie bariatrique n’est efficace à long terme qu’à condition de modifier ses habitudes alimentaires, d’augmenter son activité physique et de s’astreindre à un suivi médical à vie. En effet, afin que les bénéfices de la chirurgie bariatrique chez les personnes obèses soient durables, et pour éviter l'apparition d'effets secondaires, un suivi médical des patients est indispensable. Ce suivi comprend :
- Quatre consultations de suivi auprès de votre équipe médicale la première année, puis une à deux par an ;
- Des consultations régulières chez le médecin traitant ;
- La prise de certains compléments vitaminiques en cas de pose d'un anneau gastrique.
Afin de faciliter la cicatrisation, il est recommandé de vous reposer, de ne pas porter de lourdes charges, et de ne reprendre une activité physique qu’entre la 2e et la 4e semaine après l’intervention, en suivant les recommandations de votre médecin.
Vous bénéficierez également d’un arrêt de travail. Ce dernier peut durer de 2 à 4 semaines en fonction du type d’activité professionnelle exercée et de votre état de santé. En cas d'arrêt de plus de 30 jours, une visite de pré-reprise auprès du médecin du travail est obligatoire. À noter qu’une adaptation du travail peut être nécessaire lors de votre reprise, par exemple en mettant en place un mi-temps thérapeutique sur une courte période, ou en adaptant votre poste de travail.
Si vous avez bénéficié d'une chirurgie bariatrique pour obésité, votre suivi médical physique, mais aussi mental, est primordial : en effet, la modification de votre corps et de son apparence peut entraîner un bouleversement psychologique qu’il est parfois difficile d’appréhender seul. Il est tout à fait normal d’avoir besoin d’une période d’adaptation au changement, pour vous-même comme pour votre entourage. Si vous le souhaitez ou si votre médecin l’estime nécessaire, vous pouvez être aidé par un psychologue ou un psychiatre à accepter ces changements.