Addiction au cannabis

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Dr. Laura Borgel

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En bref

Le cannabis, aussi appelé marijuana, est l'une des substances psychoactives les plus consommées au monde, en particulier chez les adolescents. C’est la substance illicite la plus consommée en France : près de la moitié de la population a déjà expérimenté au moins une fois le cannabis dans sa vie, et près d’une personne sur 10 en a consommé au moins une fois dans l’année. Les usages réguliers sont en augmentation, avec environ 900 000 usagers quotidiens, dont un pic parmi les adultes de 18 à 34 ans. Le nombre de consommateurs ayant un usage problématique et une dépendance associée continue de progresser.

Qu'est-ce que le cannabis ?

Le cannabis est extrait d’une plante appelée Chanvre (Cannabis sativa), qui contient des molécules psychoactives liposolubles appelées cannabinoïdes. Les deux principaux cannabinoïdes sont le delta-9-tétrahydrocannabinol (également appelé THC) et le cannabidiol (également appelé CBD). Ils possèdent chacun des propriétés spécifiques.

Le cannabis peut se présenter sous diverses formes : fleurs ou feuilles séchées, haschisch (résine), huiles, ainsi que sous forme de produits comestibles (bonbons, beurre,...).


Comment le cannabis agit-il sur notre corps ?

Il existe dans le corps deux types de récepteurs cannabinoïdes : les récepteurs cannabinoïdes de type 1 (CB1) et 2 (CB2).

Les récepteurs CB1 se trouvent principalement dans le système nerveux central et les tissus périphériques, tandis que les récepteurs CB2 se situent au niveau des cellules du système immunitaire. Le THC se lie au récepteurs CB1 et va entraîner des effets euphorisants et une désinhibition. L’activation de ces récepteurs va également provoquer la libération de dopamine qui produit une sensation de bien-être et de plaisir activant les circuits de la récompense impliqués dans la dépendance. C’est donc le THC qui donne au cannabis son potentiel psychotrope, qui sera d’autant plus important que la teneur en THC est élevée. Le CBD en revanche a une faible activité directe sur les récepteurs CB1 : il ne possède donc pas d’effet psychotrope et n’entraîne pas de dépendance. Il possède par contre des propriétés anxiolytiques, relaxantes et sédatives.

Les effets du cannabis varient d’une personne à l’autre. Certaines personnes peuvent se sentir plus détendues, pleines d’entrain ou prises de fou rire ; d’autres au contraire vont devenir plus anxieuses, voire être prises de peur, se sentir désorientées ou avoir des hallucinations.

Sur le plan thérapeutique, le cannabis est associé à des effets anti-douleur, anti-nausée et de stimulation de l’appétit, ainsi que des effets positifs sur l’humeur dépressive et l’insomnie


Quels sont les effets du cannabis ?

Il existe différents effets immédiats du cannabis : 

  • un sentiment général d’euphorie modérée, un sentiment de bien-être, suivi généralement d’une somnolence : se sont les effets habituellement recherchés. 

  • Cependant d’autres effets immédiats parfois négatifs peuvent être associés comme : 

    • un affaiblissement de la mémoire à court terme ; 

    • des troubles de l’attention et de la pensée ; 

    • une altération de la perception du temps ; 

    • une difficulté à accomplir des tâches multiples ; 

    • un assèchement de la bouche et de la gorge et une irritation des voies respiratoires ; 

    • une baisse de la tension artérielle ;

    • des troubles de la coordination physique et une perte d’équilibre ; 

    • des troubles du langage ; 

    • de l’anxiété ou une agitation ; 

    • des hallucinations, voire des cas de psychose.

Il existe un risque d’entrée dans une pathologie psychiatrique non réversible, en particulier chez les adolescents et ce dès les premières utilisations.

Il est à noter qu’il existe aussi des intoxications au cannabis chez les enfants généralement de moins de 2 ans qui sont dues à l’ingestion accidentelle de morceaux de résine de cannabis. Les signes de l'intoxication seront : une somnolence ou une agitation, la dilatation des pupilles, la baisse de tonus musculaire, des battements de cœurs rapides, voire des convulsions et un coma.

Quels sont les facteurs qui peuvent avoir une influence sur les effets du cannabis ?

En ce qui concerne le cannabis, les effets et les risques dépendent de nombreux facteurs : 

  • la quantité consommée ;

  • la fréquence et la durée de consommation ; 

  • la voie de consommation (fumé, vapoté, ingéré) et le dosage en THC ;

  • l’effet recherché et le milieu et contexte dans lequel se trouve la personne qui consomme ; 

  • l’âge de la personne ; 

  • la tolérance du consommateur ; 

  • l’état de santé physique et psychique de la personne ; 

  • la consommation concomitante d’alcool, de drogues illicites, de médicaments…

Pourquoi les adolescents sont-ils plus à risque ?

Le cannabis est la première substance illicite accessible et consommée par les adolescents. Son expérimentation concerne essentiellement les populations les plus jeunes : la rencontre avec le produit a vraisemblablement lieu avant l’âge de 15 ans, mais l’expérimentation en elle-même coïncide avec l’entrée au lycée. C’est généralement à partir de l’âge de 19 ans que l’on observe un engagement éventuel dans une consommation répétée ou une polyconsommation.

Une dépendance peut survenir à tout âge, et il existe des facteurs de risques individuels et génétiques au développement d’une addiction.

Cependant la période de l’adolescence est la plus propice à son émergence ainsi qu’aux conséquences de la consommation de cannabis pour différentes raisons :

  • jusqu’à l’âge de 20-25 ans, le cerveau est encore en cours de développement et est donc plus vulnérables aux effets toxiques ; 

  • les comportements à risque des adolescents et des jeunes adultes facilitent les premières expériences et l’usage précoce du cannabis, exposant à un risque plus important d’apparition d’une addiction par la suite ; 

  • l’influence de l’environnement est également déterminante chez les adolescents qui sont souvent plus influençables (groupe d’amis fumant du cannabis, pression sociale, désir de conformité et d’appartenance, environnement social et familial...) ; 

  • la période de l’adolescence est une période de fragilité psychique (introversion, anxiété, dépression, mauvaise estime de soi, recherche de sensation fortes, impulsivités, difficultés à résoudre ses problèmes, ...). 

En cas de consommation régulière chez l’adolescent et l’adulte jeune, les problèmes liés au cannabis vont donc survenir lors de moments cruciaux de la vie comme les études ou l’entrée dans la vie active, et influencer durablement leur avenir. 


Quels sont les signes de la dépendance au cannabis ?

Une addiction est définie par une dépendance à une substance ou à une activité avec des conséquences néfastes pour la santé.

La dépendance entraîne des symptômes comportementaux : 

  • la perte progressive de contrôle de soi (impossibilité de s’abstenir de consommer malgré la survenue de conséquences négatives sur sa santé et/ou sa vie sociale) ; 

  • l’impossibilité croissante d’arrêter ou de réduire les comportements addictifs ; 

  • l’envie irrésistible et inappropriée de consommer ou de pratiquer l’activité (craving). 

Elle entraîne également des répercussions sociales du fait d’un désinvestissement progressif vis-à-vis des autres activités (isolement, déscolarisation, perte d’emploi…) et des répercussions médicales.

L’addiction au cannabis entraîne également des symptômes spécifiques à l’usage de substance psychoactive : 

  • une adaptation cérébrale progressive entraînant l’apparition d’une tolérance au produit nécessitant une augmentation de la consommation pour obtenir l’effet souhaité ; 

  • la survenue d’un syndrome de sevrage lors des tentatives d’arrêt de consommation. 

Parmi les symptômes de sevrage au cannabis on retrouve l’irritabilité, l’anxiété, les douleurs abdominales, la perte d’appétit, des sueurs et un dérèglement du sommeil. 


Quelles sont les conséquences de la consommation de cannabis ?

Conséquences à court terme


Les conséquences à court terme de la consommation de cannabis : 

  • augmentation du risque d’accident (domestiques, accidents de la route… ) due au ralentissement psychomoteur ; 

  • diminution des fonctions cognitives : altération de la mémoire et de l’attention avec baisse des résultats scolaires ou professionnels ; 

  • augmentation du risque suicidaire ; 


Conséquences à moyen terme


À moyen terme la consommation régulière de cannabis peut entraîner : 

  • une altération des performances intellectuelles avec une baisse du quotient intellectuel (QI) ; 

  • des troubles cognitifs : trouble de la mémoire et perte d’attention persistants ; 

  • des épisodes psychotiques, voire l’entrée dans une maladie psychiatrique non réversible ; 

  • de l’anxiété, de la dépression ; 

  • des comportements sexuels à risque. 


Conséquences à long terme


Les effets et conséquences à long terme de la consommation de cannabis font encore l’objet de recherches scientifiques. Mais les études actuelles montrent que la consommation chronique de cannabis pourrait exposer à : 

  • des risques cardiovasculaires ; 

  • des troubles respiratoires et pulmonaires ; 

  • des cancers : la fumée de cannabis est cancérogène, d’autant plus si elle est associée à du tabac ; 

  • des troubles de la mémoire, de l’attention, des difficultés de concentration et d’expression ; 

  • des troubles mentaux et psychiatriques persistants ; 

  • une diminution de la croissance foetale et des troubles du comportement chez les enfants de mères consommant du cannabis durant la grossesse ; 

Toutes les conséquences médicales peuvent entraîner des conséquences sociales et relationnelles avec une perte de motivation, une dégradation des relations avec l’entourage, un isolement, l’absentéisme scolaire voire une déscolarisation, la perte d’emploi, la désocialisation ou la marginalisation. 


Traitement d’une addiction au cannabis

L’arrêt du cannabis peut entraîner des symptômes de sevrage qui vont généralement disparaître au bout d’une à quelques semaines. Cependant, certains troubles tels que les troubles du sommeil peuvent durer plus longtemps.

De plus, l’arrêt du cannabis peut révéler d’autres problèmes masqués jusqu’alors par la consommation, comme des troubles du sommeil, une anxiété ou une dépression sous-jacente, qui peuvent décourager une tentative de sevrage.

Il n’existe à ce jour aucun traitement spécifique de l’addiction au cannabis. Sur le plan médicamenteux, quelques études sur des molécules possiblement efficaces sont en cours d’évaluation.

Les symptômes liés au syndrome de sevrage du cannabis peuvent être soulagés par des traitements médicamenteux, et le traitement des pathologies sous-jacentes est nécessaire ainsi que la prise en charge des autres addictions associées s'il y en a.

Actuellement, le principe de la prise en charge de la dépendance au cannabis passe par des thérapies de soutien et d’accompagnement, et la mise en place de modifications dans la vie quotidienne pour limiter les interactions avec la substances.

Les symptômes associés à la dépendance au cannabis vont disparaître après l’arrêt de la consommation, mais le risque de rechute reste important et nécessite un accompagnement prolongé. La mobilisation et le soutien des proches et de la famille est également un élément important.

Plusieurs structures existent en France pour aider les personnes ayant une addiction ou un comportement addictif et les services proposés sont multiples et peuvent être individuels ou collectifs. Il existe des lieux d'accueil et d’écoute pour les jeunes (les espaces santé jeunes, les maisons des adolescents, les missions locales, les points accueil-écoute jeunes). Il existe également des lignes d’écoute téléphonique et des structures de prise en charge en addictologie.

N’hésitez pas à vous faire aider par un professionnel de santé qui pourra vous écouter, vous soutenir et vous accompagner dans votre démarche. 

Ce que Livi peut faire pour vous

Sur Livi, des médecins généralistes,des psychiatres et des psychologues en ligne sont à votre écoute pour vous accompagner dans le traitement de votre addiction au cannabis.


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